jeudi 4 janvier 2018
Lettre n° 14 – Réformesen cours… Les élèves ont la parole
L’entrée en fonction d’un nouveau
ministre de l’Éducation nationale au mois de mai dernier a entraîné, en seulement
quelques mois, plusieurs transformations ou annonces de changements pour notre système
éducatif. Nous sommes tous concernés.
J’ai voulu savoir ce que les
élèves en pensaient. Je suis donc allé à leur rencontre. Mais, pour éviter
toute interférence avec le Cours Maintenon, j’ai pris soin d’interroger des
élèves appartenant à d’autres établissements, tant publics que privés.
TF : Tom, tu es en CE2,
est-ce qu’il y a des choses qui ont changé pour toi en classe par rapport à
l’année dernière ?
Tom : Oui, j’ai une nouvelle
maîtresse, et elle est sévère.
TF : C’est tout ?
Tom : Ah oui, on n’a plus
cours le mercredi matin. C’est génial, on peut dormir ! Maman m’a dit aussi
que c’était dommage que je sois plus en CP parce que j’aurais appris à lire avec
la méthode syllabique. Mais moi je veux pas retourner au CP !
Précisions : Le nouveau gouvernement
est effectivement revenu sur la « réforme des rythmes » de ses
prédécesseurs. Les écoles et collectivités ont désormais le choix de revenir à
la semaine de quatre jours. Le ministre souhaite aussi faire « le
ménage » dans les manuels scolaires et recommande l’apprentissage de la
lecture selon les méthodes syllabiques dont les résultats sont scientifiquement
meilleurs (en termes d’efficacité) que les méthodes dites « mixtes ».
TF : Éva et Enzo, vous êtes en 5ème je
crois. Vous êtes bien dans votre collège ?
Éva : Oui, génial, mais les garçons sont toujours
aussi bêtes.
Enzo : Sympa ! Je préfère pas parler des
filles, par respect.
TF : Y a des choses qui ont changé pour vous depuis l’an
dernier ?
Enzo : Y en a qui restent à l’aide aux devoirs le
soir, mais c’est nul. C’est pour les bébés. Moi, je préfère rentrer chez moi. Et
il paraît qu’on n’aura plus droit aux portables…
TF : Ah bon ! Pourquoi ? Les portables
sont autorisés dans votre collège ?
Enzo : Non ils sont interdits, mais personne nous
dit rien.
Éva : Ils ont aussi supprimé les EPI.
TF : C’était quoi les EPI ?
Éva : On faisait des projets sympas dans plusieurs
matières. Mais les profs nous ont dit que le ministre les avait enlevés parce
qu’on n’avait pas assez de temps pour les cours.
Enzo : Y a aussi un autre truc, hyper grave !
Ils ont remis le redoublement !
TF : Tu as peur de redoubler Enzo ?
Enzo : Non, moi je travaille bien.
Précisions : Pas étonnant qu’Éva et
Enzo se trouvent bien dans leur établissement ; une enquête récente a
révélé que 94% des élèves se sentaient bien dans leur collège. Bonne
nouvelle ! S’agissant de l’aide aux devoirs le soir après les cours, le
ministre a effectivement réactivé (en la ciblant) une mesure qui avait déjà été
mise en place sous l’ère Sarkozy. Les EPI (Enseignements Pratiques
Interdisciplinaires) n’ont pas été supprimés, mais seulement allégés, le gouvernement
ayant jugé qu’ils entraient en concurrence avec les disciplines et ne
permettaient pas d’achever les programmes dans de bonnes conditions. Enfin, le redoublement
est à nouveau autorisé, tout en restant réservé aux situations exceptionnelles,
dans l’intérêt de l’élève, et en dialogue avec les familles. Donc Enzo peut
être rassuré.
TF : Bonjour Léa, tu es en 3ème. On vous
a parlé des changements pour le brevet ?
Léa : Euh ! On va bientôt faire un Brevet blanc,
sinon les profs nous ont dit que l’examen serait plus dur que l’an dernier. Mais
je sais pas trop…
Précisions : Pour le Brevet version
2018, le ministre a souhaité revaloriser les épreuves finales. Celles-ci passeront
de 3 à 5 et compteront pour 400 points (au lieu de 300 points précédemment). L’épreuve
orale continue de jouer un rôle important (100 points) en laissant à l’élève un
plus large choix (histoire des arts, EPI, parcours avenir, parcours citoyen…). Les
400 points restants relèveront du contrôle continu, en liaison avec le LSU
(Livret Scolaire Unique).
TF : Yanis, tu es en 2nde. Alors, c’est
comment le lycée ?
Yanis : Dur ! Au premier trimestre, j’ai fait
un méga plongeon.
TF : Tu es au courant qu’il y a un nouveau
ministre ?
Yanis : C’est celui qui est chauve non ? Euh… Michel…
Je sais plus comme il s’appelle… Mais il paraît qu’il va changer plein de
choses qui vont pas…
TF : Ah oui, tu as entendu ça ? Et qu’est-ce
qui va changer d’après toi ?
Yanis : Je suis pas sûr, mais je crois qu’on passera
que quatre épreuves au bac et qu’il n’y aura plus de rattrapage. J’ai aussi
entendu qu’il allait enlever les séries S, ES et L.
TF : Ok, et tu en penses quoi Yanis ?
Yanis : Moi, je pense que le bac il faut pas le
donner, sinon il sert à rien.
Précisions : S’agissant du lycée et du
bac, on en est encore aux annonces. Rien d’officiel. Mais le ministre ne s’en
est pas caché, il pourrait faire sauter les séries actuelles. Concrètement, celles-ci
seraient supprimées au profit de matières dominantes que les élèves
choisiraient. Pour ce qui est du bac, on s’achemine en effet vers quatre
épreuves, et le reste en contrôle continu. Quant aux épreuves du deuxième
groupe, dites « de rattrapage », celles-ci pourraient effectivement
disparaître, toujours dans le but de rehausser le niveau de l’examen.
TF : Inès et Kevin, vous êtes en terminale. Les
réformes du ministre, ça vous intéresse ?
Inès : Il fait bouger les choses Blanquer !
Cette année, on a deux profs principaux pour nous aider à préparer notre
orientation.
Kevin : Ouais, mais ça je sais pas si c’est une
bonne idée.
TF : Pourquoi ?
Kevin : Parce qu’on sait plus qui est notre prof
principal ? Et à qui on doit s’adresser…
TF : Le bac, ça vous fait peur ?
Inès : Non le bac on va l’avoir, mais on sait pas si
on aura nos vœux dans le supérieur…
Kevin : Avant, y avait APB, mais ça a buggé l’an
dernier. Y a plein d’élèves qui ont pas eu de places. Nous, on va s’inscrire
sur « Parcoursup ». C’est le nouvel algorithme, mais je suis sûr que
ça va planter aussi…
Inès : Non mais le pire, c’est qu’on tirait les
étudiants au sort. Ça c’était vraiment nul. À quoi ça sert de bosser si c’est
une loterie ? Y a même des élèves avec mention qui n’ont rien eu.
Kevin : T’inquiète, le ministre a interdit les
tirages au sort.
Précisions : « Parcoursup »
a bien remplacé le système APB. La grande nouveauté, c’est que les élèves
auront droit à 10 vœux au maximum, mais sans les classer. C’est un vrai
changement de culture. Concrètement, cela signifie que les instituts supérieurs
vont « recruter » leurs étudiants. Il y aura donc des attendus. Des
remises à niveau seront aussi à prévoir… Le tirage au sort est effectivement
supprimé. Espérant que la nouvelle « machine » fonctionne.
Merci à Tom, Éva, Enzo, Léa, Yanis, Inès et Kevin qui
nous ont permis une petite révision des réformes en cours.
Thierry Fournier