vendredi 2 décembre 2016
Lettre N°3 – Le sommeil de votre enfant – Clé de sa réussite scolaire et de son bien-être
C’est bien connu, tous les êtres
humains ont besoin de dormir, mais tous n’ont pas besoin du même nombre
d’heures de sommeil…
Et pourtant, une enquête récente1
a révélé que l’homme « moderne » avait perdu, en moins d’un siècle, une
heure et demie de sommeil par nuit. Chez les adolescents, la perte atteint
presque deux heures en moyenne, avec des conséquences à court terme, comme les
difficultés de concentration ou la somnolence en classe. À long terme, la
privation partielle et chronique de sommeil est susceptible d’altérer la santé,
voire d’engendrer de véritables pathologies : obésité, dépression,
diabète, hypertension…
Les causes du raccourcissement de
la nuit de sommeil sont, sans surprise, liées à l’utilisation invasive des
ordinateurs, notamment en soirée. Il s’avère, en effet, que la consultation
d’écrans à des heures tardives génère une excitation visuelle et, par la même,
une stimulation neuronale qui ne décroissent que lentement lorsqu’on se couche.
C’est ainsi que l’on peut facilement sauter son premier cycle de sommeil2.
Et si on « passe l’heure », le temps d’endormissement se prolonge
d’autant.
Votre enfant a probablement un
téléphone portable, voire une tablette ou un ordinateur à discrétion dans sa
chambre. Hors votre contrôle, il est certainement tenté de l’utiliser le plus
tard possible, autant pour communiquer avec ses amis que pour jouer ou, plus
simplement, naviguer sur Internet. L’heure du coucher se rallonge fatalement,
et la qualité du sommeil s’en ressent. Cela est d’autant plus préoccupant que
les collégiens et lycéens sont soumis à un emploi du temps relativement chargé,
souvent « agrémenté » d’activités personnelles (sport, danse,
musique…). L’énergie est littéralement absorbée par les écrans, et le temps
vient à manquer quand il s’agit de faire ses devoirs et d’apprendre ses leçons,
car, au bout du compte, c’est la fatigue qui s’installe. Quand le sommeil finit
par prendre le dessus, il est déjà parfois minuit ou une heure du matin… Pour
qui se lève à 6h30, n’est-ce pas une nuit un peu courte ? Ce rythme
infernal de nuits fracturées peut finir par déstructurer le sommeil. Et
parfois, c’est l’insomnie qui s’installe. En bref, six heures de sommeil pour
un ado, c’est très insuffisant. Il faut essayer d’atteindre huit heures, voire
neuf heures pour les plus jeunes collégiens.
Si votre enfant manque de
sommeil, certains signes peuvent vous alerter. Vous le trouvez anormalement
fatigué, il a du mal à se lever le matin, ses yeux sont cernés, il s’endort
dans la voiture… Il est vain de penser que s’il dort peu dans la semaine, il
rattrapera son sommeil au cours du week-end. Il est scientifiquement établi que
le sommeil perdu ne se récupère pas. C’est exactement la même chose quand on
saute un repas. Il ne s’agit pas de manger deux fois plus au repas suivant.
Vous établissez une relation de
confiance avec votre enfant, et c’est une excellente chose. Mais la confiance
n’exclut pas le contrôle. Ne vous fiez pas forcément à la lumière éteinte de sa
chambre. Il est peut-être dans son lit, les yeux rivés sur son écran. Vous ne
pouvez pas forcément le deviner.
Voici mes cinq conseils pour
que votre enfant se prépare à une bonne nuit après un dîner pas trop copieux,
ni trop tardif :
- S’interdire toute consultation d’écran au moins
une heure avant le coucher.
- Éteindre absolument son portable pour la nuit.
Ne pas le laisser en vibreur.
- Se mettre au lit avec un livre, un magazine, une
bande dessinée… Une demi-heure de lecture chaque soir est une véritable potion
magique pour s’endormir dans de bonnes conditions. On peut lire aussi sur un
e-book, mais à condition que celui-ci ne soit pas rétroéclairé, pour ne pas
retomber dans le piège de l’écran.
- Lumière éteinte (ou avec une petit veilleuse),
dans le silence de sa chambre (porte fermée ou entrouverte), on se remémore sa
journée, on fait son petit bilan, on peut faire une prière…
- Interroger son enfant. Tu t’endors facilement ?
Tu te réveilles la nuit ? Tu fais des cauchemars ? On peut aussi s’amuser
à se raconter ses rêves, car « le rêve est le gardien du sommeil »
disait Freud.
Pour que ces quelques conseils
soient suivis d’effet, votre enfant – fille ou garçon – a besoin de vous, car,
comme beaucoup d’autres, il est peut-être accro à son portable. Il lui est très
difficile de couper – tout seul – le cordon numérique, même le temps d’une
nuit.
Si malgré tout cela, le sommeil
de votre enfant est très réduit ou perturbé, il est nécessaire de consulter
votre médecin.
Thierry Fournier
1 Enquête Réseau Morphée, 03 mars 2015
2 Un cycle de sommeil dure 1h30 en moyenne