vendredi 3 février 2017
Lettre n° 5 – Dialogue culinaire avec le Père Gilles Recette spirituelle VS recette éducative
Thierry Fournier : Bonjour
Père Gilles, je crois que derrière le prêtre se cache un fin cuisinier, ou plus
exactement un gourmet des mots.
Père Gilles : C’est un peu
vrai je crois. J’ai très envie de vous proposer une recette spirituelle, pour
continuer à boire et à manger agréablement, en couple, en famille, ou en
paroisse, en 2017.
TF : Hum ! Ça me tente.
J’ai moi aussi une recette savoureuse à vous faire découvrir. Je l’appelle délice
éducatif. Je propose que nous cuisinions dès à présent, et surtout, ensemble.
Et après, chacun goûtera le résultat de l’autre. Prêt à relever le défi ?
PG : Magnifique ! C’est
parti ! Tout d’abord, vous prenez une grande dose d’écoute et de
compréhension. Vous y ajoutez quelques grammes de douceur, et d’attention.
TF : De mon côté, je fais un
marché des quatre saisons, car mon plat est d’abord celui de la variété. Je sélectionne
les parfums, avant d’incorporer avec soin les sucrés et les salés.
PG : Vous prenez ensuite une
cuillère de bonne volonté. Lentement, vous mélangez avec de la droiture et la
sincérité.
TF : J’incise de la plus délicate façon chaque
fruit pour qu’il révèle toute sa saveur au cours de la cuisson. Attention, à
basse température ! Je parsème le tout de quelques baies de confiance. Je
connais un excellent producteur !
PG : Vous râpez tous les
désirs égoïstes, vous savez, les impatiences, les addictions, les violences.
Vous faites fondre votre orgueil et votre suffisance.
TF : Je ne fais surtout pas
bouillir et j’ajoute quelques zestes de persévérance. Je n’hésite pas à goûter
à chaque étape pour découvrir la maturation de mon plat.
PG : Vous incorporez une
graine de foi inébranlable, une autre d’espérance indéracinable. Et vous
saupoudrez le tout, avec de la tendresse. Là, allez-y sans modération. Puisque
la mesure pour aimer, c’est aimer sans mesure (Saint Bernard). Et qu’il nous
faut toujours oser l’amour, pour ne pas doser l’amour.
TF : Je ne m’inquiète pas des sucs qui adhèrent au
fond du plat. Leur résistance va donner à ma préparation une saveur
particulière et une couleur légèrement ambrée. Ce miel fera le bonheur des
papilles les plus exigeantes.
PG : Vous faites revenir le
tout, sur le feu, avec de grandes tranches de partage et d’accueil. Vous
ajoutez énormément de sourires, de dialogues, de petits services,
surtout ! Ne pas oublier les mercis. Vous laissez mijoter tout ça dans la
patience, mais assez longtemps. Puis vous faites flamber le tout dans un grand
élan de prière.
TF : Vient le moment de
l’assaisonnement. Je hume la douceur du bouquet garni, et je dépose les
derniers condiments pour révéler les talents. Je sens comme un parfum de
vocation. Alors, je porte la cuillère à ma bouche pour examiner le résultat
final. C’est un régal !
PG : Puis vous faites
flamber le tout dans un grand élan de prière.
TF : Aussitôt, l’odeur se
répand dans toute la pièce. On peut même la sentir de dehors. Les visages des
convives s’éclairent. Ils s’apprêtent à se rassembler autour de la grande
table. Sans l’avoir goûté, chacun sait que le plat sera bon.
PG : Et vous ajoutez un
grand verre d’humour. Vous obtenez alors un couple en or. Des enfants ?
Des trésors ! Des parents ? Trop forts ! Une famille formidable,
agréable, inimaginable. Une paroisse admirable.
TF : À ce banquet, entre
deux rasades d’amitié, c’est toute l’école qui vient communier. Il y en aura
pour tout le monde. Chacun servira et sera servi.
PG : Allez, à table !
Bon appétit, mes amis !
TF : Père Gilles, après ce
temps de re-création, je réalise que nos deux recettes ensemble n’en font
véritablement qu’une. Éducation et Spiritualité mêlent intimement leurs
saveurs. Décidément, la Terre ne peut se passer du Ciel.
« Et Dieu vit que cela était bon. » La Genèse 1